L’invité du dimanche. "Ce qui le caractérise, c'est sa folie" : Philippe Corti, en avant la musique (2024)

A bientôt 66 ans, Philippe Corticchiato dit Corti, Gardois d’origine et fier de l'être, est plus que jamais plébiscité pour ambiancer les soirées avec sa passion pour faire revivre vieux tubes et nouveautés musicales. Gueule cassée dans les séries ou au ciné, ami des people, il revient sur sa vie de fête mais aussi d’excès.

Philippe Corti exhibe son imposant tatouage maori sur l’épaule droite et décrypte les dessins gravés: "y’a le Dieu, mes enfants, la prison, la liberté, la mer et la vérité"sourit-il comme un résumé express de sa vie.

Le célèbre DJ, amuseur et acteur donne rendez-vous en petite Camargue, au Moulin de Saint-Laurent-d’Aigouze (Gard), un domaine bucolique donnant sur le Vidourle. Ce dimanche 16juin à midi, il va y passer des disques et s’enjailler, sa marque de fabrique depuis 45 ans. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter: plus que jamais dans l’air du temps, il est plébiscité.

La patronne du lieu Béatrice s’amuse quand l’invité se fait attendre: "Philippe, ça fait partie de son ADN.Aujourd’hui il est en retard, mais à une époque il pouvait ne pas venir du tout…"

Pour Corti, la liberté et l’insouciance n’ont pas de prix. Mais le voilà qui klaxonne au loin, il arrive de Marseille à moto, sort de son sac une couronne offerte par un festival de ciné qui sied si bien à ce roi de la déconne.

"Super humain, abordable"

"C’est l’enfant du pays, il est super humain, abordable et ce qui le caractérise c’est surtout sa folie"poursuit Béatrice qui le fréquente depuis un autre siècle, celui des années 80, quand elle allait le voir mixer au Sholmès, à Rochefort-du-Gard.

"Tout le monde y allait parce qu’il était aux platines, il était déjà hors norme avec sa sélection à contre-courant."

Mixer de l’ancien avec du nouveau, enchaîner de l’opéra avec du hard-rock… La musique guide ses pas. Aujourd’hui, il cite "le dernier Beyoncé", Garou et l’inoxydable Gabrielle de Johnny qui marche plus que jamais sur le public, "pour sa scénographie… "Mourir d’amour enchaîné"!"entonne-t-il aussitôt en croisant les poignets.

"À table mon père me parlait de Balzac ou Tolstoï"

Pourtant, ses parents rapatriés aux origines corses, instituteurs, qui passent d’abord par Dourbies, en Cévennes, pour ses deux premières années d’existence, puis près d’Uzès où il a grandi, érigent plutôt la littérature en priorité.

"À table mon père me parlait de Balzac ou Tolstoï"se souvient-il. Sa mère adore quand même l’opéra, mais c’est à 14 ans, avec sa paye des vendanges, qu’il s’offre "une mobylette bleue et un premier disque", les Bourgeois de Jacques Brel, puis un deuxième, le double bleu des Beatles.

Les fêlures de l’enfance expliquent aussi sa vie débridée et insouciante. Son hyperactivité mais surtout la mort de son frère de 10 ans, d’un cancer, qui bouleverse l’équilibre familial.

"J’ai appris à vivre seul"

"Cette blessure ne s’est jamais refermée… Mes parents ont été satellisés, j’ai appris à vivre seul" dit-il autour d’un verre de rosé et de tranches de saucisson. "J’ai bourlingué, ce que j’ai vécu, c’est On the road again, route 66."

Aujourd’hui, il se revendique comme le premier DJ professionnel depuis qu’il a posé ses platines à la fin des années 70 au Privé à Avignon et au Sholmès, fort d’une colossale collection de vinyles.

"J’avais tous mes disques dans une malle militaire, deux potes m’aidaient à la porter… Aujourd’hui, j’ai tout sur une clé USB"résume celui qui avait cumulé 45000 vinyles.

"Il était à poil sur les platines et mixait… Avec onze doigts"

En 1986, il donne ses lettres de fête à la Scatola, à Port-Camargue, où, patron et DJ, il révolutionne la nuit. En faisant du grand n’importe quoi, le label Corti, micro en main.

"Avec son bagou… C’était le feu, on finissait à 10heures du matin, il était à poil sur les platines, il mixait avec… Voilà, il mixait avec onze doigts"se marre Béatrice pour imager cette scène en dessous de la ceinture.

Les people Parisiens, qui viennent s’encanailler dans le Sud adorent et suivent. "Pourquoi? Le bourgeois je lui faisais danser la chenille, je lui disais “oublie d’où tu viens” c’est pour ça qu’ils m’aiment"analyse Corti.

Il devient le chouchou de Christian Lacroix, proche du célèbre parolier Étienne Roda-Gil et anime le mariage ultramédiatique d’Yves Mourousi à Nîmes, qui lui sert de fusée de lancement, il y a 40 ans. Le premier morceau qu’il y passe? "Born in USA, Springsteen, je me chiais dessus… J’ai mis la casquette à l’envers, torse nu et c’était parti."

Corti fait aussi le bonheur de clubs à Paris, dont le Palace où il fait émerger deux petit* jeunes… Laurent Garnier et David Guetta.

"Nicollin me convoque dans sa loge et me dit: "Petit je peux pas passer pour un blaireau"

Mais son nom est forcément associé à la mythique Churascaïa en Camargue, où, il sera aussi passeur de musique ce dimanche, pour les 59 ans d’une discothèque si spéciale à ses yeux. Il l’a d’ailleurs sauvée, un soir de “Tout le monde en parle”, l’émission de son pote Ardisson où il s’occupait du blind test, soit faire deviner des morceaux aux invités.

"Loulou Nicollin, invité, me convoque dans sa loge et me dit: “Petit, je peux pas passer pour un blaireau, il me faut les réponses du blind test". Je lui dis mais personne ne les a, même pas Ardisson!", nous révèle-t-il.

L’invité du dimanche. "Ce qui le caractérise, c'est sa folie" : Philippe Corti, en avant la musique (1)

Corti cède auprès de celui qui était propriétaire de la boîte: "Je lui ai dit, je vous donne le nom du superbanco où vous gagnez tout à la fin, à une condition: vous rouvrez la Chu."Nicollin crie “Trust” alors que le morceau est à peine lancé, sauve la face et rouvre la discothèque dix jours plus tard…

Concours de plongeon avec Barthez au mariage de Zidane

Devenu "papi Corti"et gaga avec ses petit* enfants, il pourrait multiplier les anecdotes à l’infini de son concours de plongeon avec Barthez au mariage de Zidane qui finit dans les huîtres en passant par Mansour Ojjeh, ex-patron de l’écurie Mc Laren, pour qui il improvise un faux VIP à Saint-Tropez sur la piste de danse.

Ou encore la signature de la reprise de I will survive de Gloria Gaynor par une fanfare hollandaise. Il met le morceau sur une compil qu’il glisse au footballeur Boghossian pour la Coupe du monde 98: le tube de la victoire est né.

"La musique est toujours liée à une émotion, la première fille embrassée comme l’accident de voiture"philosophe-t-il.

"A part l’alcool et la cigarette, je fais attention à tout"

Les excès, Corti ne s’en est jamais caché, il a pratiqué, mais c’est fini assure-t-il.
"À part la cigarette et l’alcool, je fais attention à tout"se marre-t-il en saluant un client du Moulin.

Condamné à 4 ans pour “trafic international” d’ecstasy au Papagayo, sur la Côte d’Azur, il y a pile 30 ans, il estime toujours avoir été exécuté par la justice. Ce qui ne l’a pas tué l’a rendu plus fort, et, dans l’adversité de se retrouver en prison, il se souvient du CD “Mirador” de Johnny envoyé par Roda-Gil, du clan corse qui l’a pris sous son aile, de la radio-télé “les gamelles de l’info” qu’il a montée avec d’autres détenus et les amis qui sont restés fidèles.

Thierry Ardisson, le premier, en lui donnant du boulot à la télé après sa sortie de taule. Que dit-il de son pote aujourd’hui?

"C’est un acteur, il a une gueule de gangster des années 50, 60"

"Philippe, je le connais depuis 87, on a vécu ensemble une movida parisienne, on était Gypsies King. C’est un ami intime, j’ai Baffie et lui c’est mon païs. J’aime venir le voir en Camargue, après cinq, six pastis, on devient surréalistes! Lui, c’est la fantaisie, la créativité, le no sens"résume Ardisson.

"Surtout, c’est un acteur, il a vraiment une gueule des gangsters des années 50, 60 et la gouaille, c’est le André Pousse d’aujourd’hui, si Audiard était vivant, il le ferait tourner."

Aujourd’hui, par-dessus tout, Corti revendique cette culture populaire, parfois identitaire, et tant pis pour les esprits chafouins qui le caricaturent en beauf un peu réactionnairetenant du “c’était mieux avant”.

"Vous m’avez fait rêver à l’âge de 7 ans pour Intervilles"

"Monsieur Corti vous m’avez fait rêver à l’âge de 7 ans, pour Intervilles"lui dit alors Roland, 37 ans, artisan qui patiente pour un selfie au Moulin.

"Intervilles, la meilleure des émissions, il n’y a que les bobos parisiens qui trouvaient ça ringards"tranche-t-il avec la nostalgie du "bonheur dans les yeux des gamins"de ces petites villes qui avaient passé une année à préparer la venue de l’émission. Julien Lepers la commentait…

"Allez, on l’appelle"lance le DJ sexagénaire.

"Corti? C’est un ami! Si je tue quelqu’un, il cache le corps"s’esclaffe l’animateur, par visio, alors qu’il est dans le TGV.

"On vous suit aujourd’hui avec mon fils"lui glisse encore Roland.

"Ça me touche…. Je rappelle aux gens tellement de souvenir… J’aurais fait chier 5 générations!"lâche-t-il avant de partir à la sieste.

L'anniversaire de la "Chu", des séries sur TF1 et Canal +

Quelles sont les actualités de Philippe Corti ? Ce dimanche 16 juin au soir, la Churascaïa, à Aigues-Mortes, fête ses 59 ans et Corti jouera comme premier morceau le Coupo Santo, "pour rappeler au public d’où il vient."

DJ, c’est le bon disque au bon moment "et regarder le public, pas son nombril"exhorte celui qui a enflammé la Chu plus d’une fois.

Au Moulin où il se produit également ce dimanche 16 juin à midi, il regarde une photo d’Erika, ancien transformiste "qui rentrait à mobylette dans la Chu avec un singe", se souvient-il. Concernant cet endroit à part, il prévient : "C’est une belle fleur, attention à bien l’arroser, et n’importe qui ne peut pas y jouer, c’est un temple, que des petit* jeunes DJ’s commencent par la Chu, c’est une hérésie."

Corti joueva tourner cet été en Grèce ou au Portugal pour accompagner un célèbre joueur d’accordéon.

Le Gardois a notamment tourné dans les séries Sous le soleil ou Mafiosa mais aussi dans plusieurs films dont deux long métrage de son ami corse Éric Fraticelli : le Clan et Inestimable et un d’Olivier Marchal, Overdose.

Il sera à l’affiche de la nouvelle série de TF1 Commandant Saint-Barth tenu par Florent Peyre, "j’y joue le rôle d’un barbouze à la recherche d’une princesse"dit Corti. Il se montre en revanche plus discret, pour l’instant, sur la nouvelle série qu’il va tourner pour Canal + prochainement, qui se passe en Corse et met en scène des voyous.

L’invité du dimanche. "Ce qui le caractérise, c'est sa folie" :  Philippe Corti, en avant la musique (2024)

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